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Des jours et des mots

Des jours et des mots
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7 mai 2005

Des joies et des peines

Joie de fin d'étude, regrets, déjà, pour une époque révolue, espoirs d'une nouvelle porte qui s'ouvre... Espoirs de courte durée... Je ne suis pas la bienvenue. Quelle place une allergique? Allergique au commerce, aux profits, à la gestion, à la comptabilité, au marketing et plus encore pour l'allergique au mépris que je suis? Soyons honnête, je suis une inutilité dans une société qui s'attache encore à espérer de ces mots là: liberté, égalité, fraternité...

Je rejoins donc la horde de chômeurs. Je goûte aux joies de jours incensés, de jours interminables d'ennui et l'espoir, là, n'a plus sa place... Réveil optimiste parfois, bonne volonté qui s'évapore dès que mes yeux se posent sur "recherche ingénieur commercial", "URGENT, XX offre poste de chargé de recherche junior ayant minimum 3 ans d'expérience"... Je m'abrutie malgré tout, le "si" a bien trop de poids et ma conscience m'impose cette torture quotidienne....

Plus d'une centaine de candidature et seulement 2 entretiens... Soit, une diplômée en histoire fait fuire, une diplomée en histoire, quelle futilité... Je m'en remets donc aux lois du marché: intérim, CDD, job dépourvu d'intérêt... J'en viens à n'espérer qu'un salaire, qu'une illusion d'activité, qu'un abrutissement actif. Ce privilège là m'est interdit, lui aussi, "trop diplômée la demoiselle", "pas d'expérience dans le tri et la redistribution du courrier", et blablablabla...Trop peu expérimentée et trop diplômée pour rejoindre ces actifs privilégiés... Certains finiraient rongés par le regret, il eut été si simple de trouver son trône au fin fond d'une école quelconque, de renoncer à une passion parce qu'il faut bien plier, s'avilir devant la réalité... A vrai dire, je n'ai même pas eu cette force du remord. J'ai trop aimé, trop appris et le lavage de cerveau, parce qu'il assure un avenir, me donne la nausée... Il n'empêche, je désespère...

"Savoir penser, mademoiselle, est un atout certes mais il n'est pas rentable"...Voilà une matraque de plus, je n'avais pas su imaginer telle bêtise... Très bien, quitte à n'être qu'une malpropre, autant être ambitieuse.. Chacun comprendra qu'un ego se ménage. Mettez donc moi dehors, vous le faîtes si bien, mais l'exclusion est plus acceptable quand elle s'avère justifiée. La chômeuse jeune diplômée que je suis s'accorde donc un plaisir: celui d'un refus prévisible, normal, légitime...Refuser pour être "trieuse de couriers", la claque est rude, refusée pour un poste d'éditeur quelconque quand on n'a pas l'expérience et les compétences nécessaire, soit, l'acceptation est plus facile... Bêtise me direz-vous, exact répondrais-je. Je le clame d'ailleurs haut et fort!

Et puis... quand la bulle se fissure, quand le refus de trop vous est jeté au visage, quand la douleur pointe son nez, la distance est salutaire. Je me noie dans une indifférence feinte, j'apprends l'oubli le temps de quelques jours. Combattre l'invisible est épuisant, l'absence de réponses au pourquoi éreinte, autant s'accorder le droit d'être découragé, il remotive...

Perspective 0, espérances au néant, ambitions réduites à peau de chagrin... Je m'en remets donc à ma principale caractéristique: l'acharnement... jusqu'à quand?

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